La planification écologique : une accélération inédite

Lors de son meeting d’entre-deux-tours de la campagne présidentielle de 2022, sous le soleil marseillais au Pharo, le candidat Emmanuel Macron avait annoncé la couleur : « Ce quinquennat sera écologique ou ne sera pas ! ». Non pas que l’action écologique devait naître avec ce mandat : chaque Président successif s’y étant attelé, de manière inégale, mais toujours croissante.

Depuis 2017, pas moins de 11 lois environnementales ont été adoptées : pour le logement (loi ELAN), pour les mobilités (loi LOM), pour les déchets et l’économie circulaire (loi AGEC), la loi climat et résilience suite à la Convention citoyenne pour le climat, pour l’agriculture et l’alimentation (loi EGALIM), etc. Sans oublier les plans de relance « verdis » post-COVID de la France et de l’Union européenne. Mais l’immensité de la tâche et la gravité de la situation requièrent un engagement inédit et une efficacité assurée.

Quinze mois plus tard, nous y sommes : la planification écologique est prête. La Première ministre et le Président de la République sont à la manœuvre, en première ligne. Tous les leviers sont activés, tous les secteurs mis à contribution et toute la société doit être engagée.

Nous savons comment faire pour économiser l’énergie, développer les énergies renouvelables et décarbonées mais aussi comment accélérer la recherche et l’innovation (voir l’article La Première ministre détaille le budget de l’État consacré à la transition écologique). L’Union européenne avance également à grand pas avec le « Pacte vert » (ou « Green Deal »). La France y tient une part déterminante. Il convient, bien entendu, de ne pas sous-estimer les difficultés. Et elles sont réelles. Aurons-nous suffisamment de main-d’œuvre et d’artisans pour rénover autant de logements ? Les recours en justice viendront-ils encore ralentir, voire annihiler, nos projets ? L’innovation technologique en faveur de nouvelles énergies sera-t-elle suffisamment rapide ? S’il ne fait aucun doute que les voitures à moteur thermique sont une cause du problème, celles à moteur électrique sont-elles la solution optimum ? Nos concitoyens accepteront-ils les efforts et les contraintes nécessaires ? Et surtout, tous les pays joueront-ils le jeu ?

Ce plan trouve sa crédibilité avec l’annonce, par la Première ministre, de moyens financiers importants, soit dix milliards d’euros supplémentaires pour emprunter le chemin. Devront-ils être complétés par un prélèvement fiscal, seul et unique, sur le patrimoine financier des plus aisés comme le préconise le rapport Pisani-Ferry – Mahfouz de mai 2023 de France Stratégie ? Prendrons-nous le risque d’un emprunt « écologique » alors que nous sommes toujours plus à la merci de nos créanciers ? L’accélération de la transition, surtout si elle a lieu partout dans le monde – ce qui est indispensable – ne risque-t-elle pas d’entrainer une hausse des coûts et une tension sur les ressources critiques ?

Ce sont autant de questions, de difficultés et d’incertitudes qui rendent la transition écologique difficile bien qu’elle soit impérative. Une chose est sûre : le coût de la transition est moindre que celui de l’inaction. Nous n’avons d’autre choix que celui de relever le défi du siècle.



Pin It on Pinterest