Devant le Parlement, le Premier ministre détaille la mobilisation totale de la France suite à l’agression de l’Ukraine par la Russie

Au Parlement, en application de l’article 50-1 de la Constitution, le Premier ministre a prononcé, mardi, un discours relatif à la décision de la Russie d’attaquer l’Ukraine. En décidant de déclencher une attaque militaire massive contre l’Ukraine, la Russie a commis un acte de guerre qui enfreint le droit international, rompt tous ses engagements et bafoue les valeurs de paix et de liberté sur lesquelles le continent européen a construit son équilibre depuis plusieurs décennies. La France condamne de la manière la plus absolue cette agression cynique et préméditée, et apporte son soutien au peuple ukrainien.

Le Premier ministre a également dit toute son admiration au président Zelensky qui mène le combat et fait face avec courage, responsabilité et dignité. Il a également salué le travail de nos agents de l’ambassade de France en Ukraine qui œuvrent dans des conditions particulièrement difficiles. Pour des raisons de sécurité de nos agents, elle s’est déplacée hier de Kiev à Lviv.

Face à l’agression inacceptable de l’Ukraine, il convient de réagir dans l’unité et dans la durée pour à la fois soutenir nos amis ukrainiens et ne pas laisser cet acte de guerre sans réponse ni conséquence. Le Premier ministre a, pour cela, énoncé quatre principes d’action.

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Le premier principe, c’est la fermeté. La résolution présentée en urgence devant le Conseil de sécurité de l’ONU n’a pas été adoptée en raison du droit de véto russe, mais elle a permis de démontrer l’isolement de la Russie. Le Conseil européen, sous présidence française, a rapidement approuvé trois paquets de sanctions les 23, 25 et 27 février. Ces mesures prises en coordination avec nos alliés, couvrent un éventail large des activités économiques russes.

Depuis lundi 4h du matin, toutes les transactions avec les réserves de la Banque centrale russe sont interdites, et les avoirs de la Banque centrale russe détenus à l’étranger sont gelés, afin d’assécher la capacité de financement extérieur de l’économie russe. Cette mesure est complétée par l’interdiction imposée à la majorité des banques russes d’accéder à la messagerie de transmission des paiements SWIFT. En outre, les avoirs et les biens détenus par les oligarques russes ont été gelés.

L’Union européenne a également fermé l’intégralité de son espace aérien aux aéronefs et aux compagnies aériennes russes, y compris l’aviation d’affaires. Par ailleurs, les différentes coopérations entre l’UE et la Russie sont suspendues. Le Conseil européen a également demandé la préparation d’un paquet de sanctions contre la Biélorussie.

L’essentiel était d’agir rapidement, de bien cibler nos mesures pour qu’elles produisent un effet massif sur l’économie russe, à court terme bien sûr mais aussi et surtout dans la durée, quitte à les durcir encore par étapes au cours des prochains jours.

Ces sanctions ne seront pas indolores pour nos économies, mais nous y sommes prêts et nous allons accompagner nos concitoyens et nos entreprises pour y faire face. Notre mobilisation est totale pour nous protéger face aux conséquences de ce conflit. C’est le sens du plan de résilience que nous préparons, pour notre industrie, pour notre agriculture, mais aussi pour les ménages qui sont bien sûr très sensibles aux prix de l’énergie.

Le deuxième principe de notre action, c’est la solidarité avec le peuple et le gouvernement ukrainiens.

Nous exprimons notre soutien par un appui économique renforcé portant sur 300 millions d’euros d’aide immédiate. Nous soutenons également les forces armées ukrainiennes avec des livraisons de carburant et de matériel militaire, y compris de l’armement, en liaison avec nos partenaires européens. Nous continuerons de le faire aussi longtemps que nécessaire.*

Nous nous préparons, au niveau de l’Union européenne, à faire face aux conséquences humanitaires de cette crise. Le mécanisme de protection civile de l’Union européenne a été activé, et 33 tonnes de matériel humanitaire parties de Paris sont déjà arrivées à la frontière ukrainienne. Les acheminements se poursuivent cette semaine, incluant de l’aide médicale.

La France soutiendra aussi les pays frontaliers de l’Ukraine qui accueilleront les réfugiés et nous proposerons dans le cadre de la Présidence de l’Union qu’un dispositif de solidarité permette une juste répartition des efforts d’accueil de ces réfugiés entre les pays de l’Union.

Cette solidarité, nous l’exprimons enfin par le maintien de notre représentation diplomatique et par l’attention permanente que nous portons à nos ressortissants. A ce jour, un millier de nos compatriotes se trouve encore en Ukraine. Nous sommes en contact avec eux dans le cadre du dispositif mis en place sous l’autorité du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères. Des équipes consulaires ont été déployées aux postes frontières dans les pays limitrophes, pour accueillir nos concitoyens qui veulent et peuvent quitter le pays. Hier, la possibilité de quitter Kiev par le sud leur a ainsi été signalée.

Nous soutenons aussi nos alliés de l’est de l’Europe, qui pourraient se sentir en danger. Le Président de la République a d’ores-et-déjà décidé de renforcer notre participation au dispositif de l’OTAN dans les pays baltes, en Pologne et en Roumanie.

Troisième principe de notre action, l’unité. Tout ce que nous faisons, nous le décidons conjointement avec nos partenaires, au sein de l’Alliance atlantique et de l’Union européenne. L’unité, la rapidité et l’intensité de l’Europe sont inédites, et nous pouvons en être fiers. Tout cela nous montre le cap : faire des Européens des acteurs de leur sécurité collective et renforcer leur souveraineté.

Le quatrième principe, enfin, est le maintien du dialogue. Encore hier, le Chef de l’Etat s’est entretenu longuement avec le Président russe. Il a réitéré la demande de la communauté internationale d’un cessez-le-feu immédiat. Il a appelé au respect du droit international humanitaire et de la protection des populations civiles comme de l’acheminement de l’aide, conformément à la résolution portée par la France au Conseil de sécurité des Nations Unies.

Cette crise sera longue et aura des conséquences majeures sur l’avenir de l’Europe mais le droit, la paix et la démocratie doivent en sortir vainqueurs.

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