La journée du 6 novembre dédiée à l’avenir des soins et de la santé pour Eric Alauzet

Le mercredi 6 novembre, le député Eric Alauzet présidait un déjeuner sur la prévention et le dépistage des cancers – dans le cadre du renouvellement du Plan Cancer qui prend fin cette année – puis parrainait un colloque sur l’antibiorésistance à l’Assemblée Nationale. 

Ces deux questions sont à la fois des défis médicaux majeurs et de grands enjeux de la politique de santé. Les événements ont réuni une grande variété de professionnels particulièrement impliqués et ont été l’occasion de dresser un état des lieux des mesures et dispositions mises en places puis de dessiner les contours de stratégies toujours plus efficaces.

Vous pouvez retrouver ici les deux introductions du député qui permettent d’aborder les enjeux dans leur globalité et de les contextualiser.

Introduction du député Eric Alauzet – Colloque sur la lutte contre l’antibiorésistance

« Bonjour à tous,

C’est pour moi un honneur de participer à ce colloque sur un sujet qui constitue sans aucun doute un des grands enjeux de santé publique de notre époque.

La politique française de maîtrise de l’antibiorésistance a débuté à la fin des années 90. Elle a donné lieu à plusieurs plans antibiotiques en santé humaine, animale et dans l’environnement, dont le dernier est porté par la feuille de route sur l’antibiorésistance de novembre 2016 mais aussi par le volet « prévention et maîtrise de l’antibiorésistance » du Programme national de prévention des infections associées aux soins (Propias) et par le plan Écoantibio.

Une réduction importante des consommations d’antibiotiques en santé humaine a été observée au début des années 2000 (-19 % entre 1999 et 2006 en ville et -26 % en établissements de santé).

Plus récemment, le suivi des prescriptions par l’Assurance maladie montre une diminution des prescriptions d’antibiotiques chez les adultes de 16 à 65 ans hors ALD et les enfants.

En santé animale, les succès sont remarquables. La diminution de la consommation des antibiotiques observée au cours du premier plan Écoantibio (-37 % en 2016 par rapport à 2011) se poursuit en 2017.

Le rôle de l’environnement dans l’apparition et la diffusion de l’antibiorésistance fait l’objet d’une prise en compte croissante, de nombreux travaux de recherche, d’expertise ou revues de la littérature scientifique, visant à mieux appréhender ce rôle sont en cours, notamment avec un programme prioritaire de recherche doté de 40 millions d’euros annoncé en novembre 2018.

Deux missions nationales de surveillance et de prévention des infections associées aux soins et de l’antibiorésistance ont été ouvertes en 2019.

Malgré ces évolutions, l’antibiorésistance continue de progresser et la consommation d’antibiotique en santé humaine soulève de nombreuses difficultés.

Chaque année en France, 12.500 personnes meurent directement des suites d’une infection provoquée par des bactéries multi-résistantes.

La France est le troisième pays européen le plus consommateur d’antibiotiques en ville avec une consommation 35 % supérieure à la moyenne européenne. Alors que 93% des antibiotiques utilisés en santé humaine le sont en médecine de ville, les doses prescrites ont augmenté de 2007 à 2017.

Dans les établissements de santé, la consommation d’antibiotiques est restée globalement stable et les antibiotiques à large spectre restent largement utilisés.

Dans ce contexte, la résistance aux molécules évolue de façon variable mais peut atteindre des niveaux préoccupants comme c’est le cas avec l’augmentation de la résistance aux céphalosporines de 3e génération chez les entérobactéries observée depuis 2006.

Plus globalement, nous manquons encore d’indicateurs pertinents et partagés – dans le cadre de l’approche « One Heatlh » – permettant de dresser un état des lieux de la contamination environnementale et de suivre son évolution dans le temps.

Par ailleurs, plusieurs mesures peuvent être prises à court terme pour limiter la prescription d’antibiotiques :

– L’utilisation du TDR angines, comme le favorise les mesures du PLFSS 2020 ;

– La généralisation des référents en antibiothérapie, dont l’efficacité est aujourd’hui clairement démontrée ;

– La poursuite de la réduction de l’utilisation des antibiotiques ACI chez les animaux ;

– La relance d’une campagne de sensibilisation et d’information grand public.

Nous aurons l’occasion de revenir ensemble, notamment grâce à la présence du Pr. Céline Pulcini représentant le Ministère des Solidarités et de la Santé, sur la mise en place de la feuille de route interministérielle, sa traduction concrète et les voies à suivre pour aller plus loin.

Nous nous retrouvons donc aujourd’hui, une semaine avant la semaine européenne de sensibilisation aux antibiotiques, pour aborder la question des différents niveaux d’action publique afin de comprendre plus en détail comment s’articulent les politiques nationales et régionales de lutte contre l’antibiorésistance, ainsi que de comprendre les processus de surveillance qui jouent un rôle majeur dans l’amélioration des politiques de prévention en fournissant des données précieuses.

Avant d’entamer les discussions, et parce que les discussions seront essentiellement centrées autour de la santé humaine, nous avons la chance et l’opportunité d’écouter Madame Corinne Lepage, ministre de l’Environnement sous la présidence de Jacques Chirac, aujourd’hui avocate, pour nous rappeler que l’antibiorésistance n’est pas le simple fait de la santé, mais bien un sujet de développement durable à part entière.

Introduction du Député Eric Alauzet – « Quelle stratégie de prévention et dépistage dans le prochain Plan Cancer ? »

Bonjour à tous,

C’est pour moi un honneur de présider ce déjeuner qui traite d’une question qui représente à la fois un défi médical majeur et un des grands enjeux de notre politique de santé publique, la lutte contre le cancer.

Ce déjeuner s’inscrit dans un contexte particulier, celui de la fin du 3ème plan cancer lancé en 2014 et de quinze années de politiques publiques spécifiques, l’occasion de faire le point sur la stratégie de lutte contre le cancer et – plus particulièrement pour aujourd’hui – la place de la prévention et du dépistage.

Notons que la prévention a pris une importance croissante dans les débats de santé ses dernières années. Elle faisait notamment l’objet du titre I de la loi de modernisation de notre système de santé du 26 janvier 2016.

Vous le savez, on estime que 40 % des cancers sont liés à nos modes de vie et à notre environnement, qualifiés de « facteurs de risques externes ».

Comme le montre la loi que je viens d’évoquer, la stratégie française s’est traditionnellement focalisée sur les facteurs de risques externe issus de notre mode de vie et à l’incidence clairement identifiée, en premier lieu le tabac (18% des cancers) et l’alcool (8%).

Améliorer les habitudes est et restera un des piliers de notre stratégie, il possède des impacts particulièrement rapides et significatifs. Nous devons ainsi lutter contre le tabagisme et l’alcoolisme, promouvoir une alimentation saine, diminuer l’exposition aux risques professionnels et aux UV nocifs…

Bien sûr, l’action sur les modes de vie n’est pas suffisante. Les politiques publiques et sanitaires françaises ont eu plus de mal à maitriser les facteurs directement liés à l’environnement, comme la pollution de l’air. Ceux sont des enjeux qui doivent pleinement être intégrés à notre nouvelle stratégie.

Cependant, la prévention se heurte toujours aux limites de la connaissance : une grande part de ces causes n’est pas encore identifiée de façon certaine et l’interaction entre plusieurs causes est mal maitrisée. Même un mode de vie « parfait » ne garantit pas l’absence de cancer. L’avenir de la prévention c’est donc aussi de poursuivre et d’intensifier la recherche sur les causes des différents cancers et la potentialisation des risques.

Enfin, les dépistages permettent de détecter les cancers tôt et donc de mieux de soigner. Il a montré son efficacité, comme pour le cancer du sein ou du col de l’utérus. La nouvelle stratégie devra permettre de renforcer le déploiement du dépistage organisé, notamment pour le cancer colorectal pour lequel il demeure très limité (30%), et d’évaluer son extension. En parallèle, elle pourra améliorer le ciblage des dépistages personnalisés proposés aux personnes qui présentent des facteurs de risque particuliers ou des antécédents personnels ou familiaux.

L’évaluation du dernier Plan Cancer, dont la finalisation était prévue pour ce mois mais qui n’a à ma connaissance pas encore été remise, doit apporter des éléments précis.

Des ressources documentaires sont disponibles :

Antibiorésistance :

Synthèse de la feuille de route contre l’antibiorésistance

Présentation du site du Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire

Données consommation des antibiotiques et résistance

Lutte contre le cancer :

Rapport 2018 sur le Plan Cancer 2014-2019

Institut national du cancer 

Ligue contre le cancer – Dépistage et prévention

OMS – prévention des cancers

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