Eric Alauzet cosigne une Tribune « Prenons le parti de la nature et du vivant »

Des députés de la majorité, des élus, mais aussi des responsables associatifs, représentants du monde économique ont souhaité expliquer dans cette tribune la création d’un nouveau parti, le « Parti de la Nature », créé à l’initiative de Yann Wehrling, ancien secrétaire général du parti Les Verts, actuel ambassadeur de France chargé des questions d’environnement dans les négociations internationales et Conseiller régional MoDem.

PRENONS LE PARTI DE LA NATURE ET DU VIVANT

60 à 70% du monde sauvage a disparu au cours des 40 dernières années. Selon les scientifiques, il pourrait s’agir de la 6ème grande extinction d’espèces sur notre Terre. C’est nous, les humains, qui en sommes la cause. Et c’est notre génération qui a la plus lourde responsabilité : responsabilité d’auteur de la tragédie, responsabilité pour sauver ce qui peut encore l’être.

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En outre, le 29 octobre dernier, jour où la France entrait dans son second confinement, l’ONU publiait un rapport établissant clairement un lien entre l’émergence accrue de nouveaux virus comme la COVID et les atteintes à la nature, aux espèces animales et à leurs habitats . Protéger la planète et la nature, c’est donc aussi protéger notre santé.

Ouvrons-nous suffisamment les yeux ?

La prise de conscience est timide mais elle grandit, notamment dans les jeunes générations. Il y a en  effet urgence à engager un changement de modèle économique. Car nous devons modifier notre rapport à la planète et au monde vivant dont nous sommes partie intégrante, faute de quoi, in fine, c’est notre propre espèce que nous mettrons en danger.

Nous sommes de plus en plus nombreux à nous questionner sur notre « droit » à détruire notre environnement par vision à court-terme d’un développement économique aveugle et irresponsable. La question de l’écologie était la première préoccupation (à égalité avec le pouvoir d’achat) lors des dernières élections. Dans les urnes et dans la rue, les Français montrent leur impatience. Pour une partie d’entre eux, cette impatience se transforme en radicalisation.

Dans le même temps, des vents contraires soufflent. Des groupes se mobilisent pour revenir sur les timides avancées faites. Comme toujours, les arguments sont les mêmes : la préservation de l’économie, de la productivité, de l’emploi … ou des traditions.

Nous refusons de croire que le choix est à faire entre écologie et économie car quand l’équation est ainsi posée, le résultat est quasiment toujours le même : l’économie gagne l’écologie perd – même et surtout quand l’économie s’enfonce. Nous n’avons donc d’autres choix que de construire la conciliation entre économie et écologie. Mais cela implique une autre économie.

Nous avons la conviction que les progrès attendus ne se feront ni par incantations, ni par des mesures radicales dont l’échec nous ferait revenir à la case départ.

Notre conception de l’action est de mettre le réalisme au service de notre ambition.

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, nous nous situons, pour la plupart d’entre nous, au centre du paysage politique tant il est vrai que l’écologie doit embarquer tout le monde et ne peut se satisfaire des vieux clivages.

La raison d’être de notre réseau est d’encourager le gouvernement à ne freiner en rien son action et encore moins à reculer. Nous porterons des propositions pour aller encore plus loin.

Nous soutenons la création d’un crime d’écocide. Il est en effet temps de pénaliser les actes de destruction d’un écosystème ou d’une espèce. Reconnaissons également dans notre droit la criminalité environnementale qui est une criminalité organisée équivalente au trafic de drogue ou au trafic d’armes.

Au niveau international, la France a d’ores et déjà pris l’engagement de protéger 30% de son territoire, marin et terrestre, dont 10% « en pleine naturalité ». Nos terres australes concentrent une grande partie de nos aires protégées, mais nous peinons à pousser la protection de nos aires marines en métropole. Or préserver 30% d’une aire marine, même en métropole, même en zone de pêche, c’est recréer les conditions favorables pour que les poissons que nous péchons se reproduisent. C’est aussi épargner les cétacés, et notamment les dauphins, qui s’échouent par milliers sur nos côtes. En  10 ans, sur une zone de pêche donnée, protéger 30% permet de recréer une biodiversité si riche qu’elle produit à nouveau du poisson pour l’ensemble de la zone.

Et nous devons aller encore plus loin :

– Interdisons toutes les subventions publiques (et privées demain) qui contribuent à porter atteinte à la biodiversité animale et végétale.

– Pour chacune de la centaine d’espèces en danger critique d’extinction sur notre territoire, adoptons un plan d’action qui fasse sortir toutes ces espèces de la liste rouge de l’UICN d’ici 10 ans (y compris l’ours – car comment faire la leçon aux pays africains qui peinent à protéger gorilles, chimpanzés, lions, éléphants et rhinocéros si nous n’arrivons pas, chez nous, à faire survivre nos derniers grands prédateurs ?)

– Sortons de l’incantatoire des plans de réduction des pesticides (en 2008, le premier plan éco-phyto annonçait -50% d’usage des pesticides d’ici 2018. Résultat : +25%  entre 2011 et 2028 !). Sachons avancer de manière dépassionnée vers la sortie des pesticides. Le modèle agricole français et européen, c’est la qualité, pas la quantité. Nous avons les moyens (la PAC) et l’envie (l’opinion publique) de produire et consommer à terme 100%bio. Les agriculteurs et les éleveurs y trouveront leur compte, et les consommateurs encore davantage.

– Stoppons enfin l’artificialisation des sols. Les communes, quelles qu’en soit leurs tailles, souffrent toutes du même mal : un enlaidissement dans leur périphérie avec un étalement de zones pavillonnaires, commerciales et industrielles. Construire en zone péri-urbaine est moins couteux que réhabiliter, re-naturer ou réinvestir des zones déjà urbanisées. Le gouvernement se donne pour objectif d’interdire, à terme,  de tels choix urbanistiques. Faisons-le sans tarder.

Cette considération en faveur du monde vivant exige également de progresser sur le bien-être animal. Certaines pratiques heurtent, à juste titre, de plus en plus de français. L’argument des « traditions » ne suffit plus à les accepter. La fin des animaux sauvages dans les cirques a été annoncée. Nous nous en réjouissons. Cesser les corridas avec blessures et mises à mort, les chasses les plus cruelles telle que la glu, les chasses d’espèces d’oiseaux migrateurs menacés, sont toutes des décisions demandées par une large majorité des français, et exigées par ailleurs, pour plusieurs d’entre elles, par l’Union européenne depuis des années.

Dans ce combat pour la biodiversité et le vivant, ne nous y trompons pas : notre conviction est qu’il ne faut pas laisser monter la colère d’une opinion publique qui ne tolère plus les atteintes les plus choquantes aux espèces, aux habitats naturels et aux animaux. Des compromis de societé doivent être trouvés, pas à pas. Nous voulons bâtir un chemin vers le respect du vivant.

C’est ce à quoi nous voulons travailler en créant un mouvement politique transpartisan de ceux qui veulent prendre le parti de la nature et vivant.

Signataires : Yann Wehrling, ancien secrétaire général des Verts et du Modem ; Jean-Jacques Aillagon, ancien ministre, Eric Alauzet, député du Doubs ; Isaure d’Archimbaud ; Charlotte Baelde, conseillère régionale d’Ile de France ; Samia Brahimi, Présidente de l’Association Jassim ; Gilles Berhault, délégué général de la Fondation des Transition ; Pierre-Yves Bournazel, député de Pari ; Delphine Burkli, maire du 9ème arrondissement de Paris ; Meriem Chabani, architecte urbaniste ; Catherine Chabaud, députée européenne, navigatrice ; Anne-Sophie Condemine, conseillère régionale Auvergne-Rhône-Alpes ; Anne-Mathilde Constantini, maire adjointe de Laxou ; Mathieu Cuip ; Florence Darel, comédienne ; Marie-Christine Dirringer, conseillère régionale d’Ile de France ; Loïc Dombreval, député des Alpes Maritimes ; Pascal Durand, député européen ; Isabelle Florennes, députée des Hauts de Seine ; Laurent Garcia, député de Meurthe et Moselle, maire de Laxou ; Sophie Goy, artiste peintre ; Jean-Baptiste Houriez, vice-président du cercle Agenor ; Olga Johnson, Présidente de la Fédération de Paris du Mouvement radical, social, libéral ; Fabienne Keller, députée européenne ; Béatrice Lecouturier, conseillère de Paris, présidente du groupe centre et démocrate d’Ile de France ; Maud Lelièvre, conseillère de Paris ; Orianne Louail, conseillère municipale de Chennevières ; Christophe Madrolle, secrétaire général de l’UDE ; Philippe Mathis, Fondateur des  « Citoyens de l’Anneau » des Objectifs de Développement Durable ; Ambroise Mejean, Délégué général des Jeunes avec Macron ; Cécile Muschotti, députée du Var ; Auguste Ott, président des Jeunes démocrates ; Hubert Ott, président de Rouffach Incitation Nature ; Jimmy Pahun, député du Morbihan ; Jules Pasquier ; Maud Petit, députée du Val de Marne ; Pierre Quintard ; Richard Ramos, député du Loiret ; Benoit Soles, comédien ; Faustine Thibaud, conseillère municipale à Aubagne ; Hervé Thibault, maire adjoint de Bron ; Elisabeth Toutut-Picard, députée de Haute Garonne ; Frédérique Tuffnell, députée de la Charente maritime ; Laurence Vichnievsky, députée du Puy de Dôme ; Laurence Wurtz

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