Eric Alauzet fait partie de l’Appel « En Commun »

A l’initiative de Barbara Pompili, Hugues Renson et Jacques Maire, 46 députés, dont Eric Alauzet, lancent l’Appel ‘En commun » au sein de la Majorité.

Tribune – En commun pour une France humaine, écologique et solidaire !

En élisant au printemps 2017 comme Chef de l’Etat Emmanuel Macron, en lui donnant une très large majorité à l’Assemblée nationale, les Français ont exprimé alors une volonté de changer en profondeur la vie politique et témoigné, aussi, d’une réelle confiance en l’avenir.

C’était il y a trois ans. C’était hier. C’était il y a une éternité.

Trois ans après, le monde traverse l’une des pires crises qu’il lui ait été donné de connaître. Une crise dans laquelle notre pays a été brusquement plongé, comme tous les autres. Une crise qui stupéfait chacun par sa soudaineté comme par son ampleur.

Une crise qui révèle en réalité un grand paradoxe : bien loin de redonner un sens collectif à nos destins individuels, le confinement semble avoir figé notre société dans ses fractures les plus profondes : le statut social et économique, la composition des foyers, les types d’habitat, le lieu de résidence. Les inégalités se creusent. Et certains de nos services publics, pourtant si essentiels, se retrouvent fragilisés.

Cette crise démontre avec force que nous avons besoin des autres, et que notre sécurité repose à la fois sur l’action de tous et la responsabilité de chacun. C’est probablement l’un des enseignements les plus instructifs que nous aurons à en tirer. Et qui nous guidera pour préserver ce que nous avons d’essentiel.

Et ce qui est essentiel, c’est ce qui est notre commun : notre santé, notre bien-être, notre environnement et nos ressources, notre éducation. Nous avons une société en commun. Nous avons un destin en commun. Nous avons une Nation en commun. Nous avons une Europe en commun. Nous avons une planète en commun.

Ce commun est notre bien le plus précieux. Pourtant, déjà ébranlé par la crise sanitaire, il se trouve sous la menace de risques plus profonds et plus durables encore : le repli et la peur, les conséquences sociales vertigineuses d’une économie sinistrée, et bien sûr les impacts du réchauffement climatique et de la perte de biodiversité.

Nous avons conscience que nous vivons un moment particulier de notre Histoire. Un moment qui doit inciter chacun à résister à l’exploitation des colères, des rancœurs ou des intérêts particuliers voire égoïstes, pour cultiver ces communs-là.

Cela vaut aujourd’hui pour notre engagement politique : issus de familles politiques différentes, parfois même concurrentes, nous avons convergé il y a trois ans, auprès d’Emmanuel Macron, dans un même mouvement qui entendait apporter des réponses aux questions du monde d’alors.

La crise brutale du coronavirus a-t-elle subitement changé nos visions du monde ? Elle nous interroge, bien sûr. Mais elle nous oblige également à porter nos convictions avec désormais plus de force pour une France et un monde plus humains, plus solidaires et plus écologiques.

Aussi, dans les deux ans de mandat que nous avons devant nous, sommes-nous déterminés à peser davantage pour que l’épreuve traumatisante que nous vivons tous puisse se transformer en opportunité.

Cela nécessitera un exercice d’inventaire, équitable mais exigeant, sur toutes les politiques publiques qui ont été menées en France depuis des années, pour ne pas dire des décennies. Trop longtemps, des décisions ont été figées sur la seule expertise technique sans prêter suffisamment d’attention à l’expérience de celles et ceux qui au quotidien se trouvent sur le terrain. L’excès de centralisation dans la prise de décision, le manque d’anticipation, de coordination avec les élus des collectivités et des agglomérations, l’insuffisance de dialogue avec les organisations syndicales et professionnelles ou les associations suscitent inéluctablement des tensions, parfois même des défiances. A cet égard, nous n’avons pas mieux fait que nos prédécesseurs.

Cela nécessitera également de faire plus et mieux dans un certain nombre de domaines auxquels nous sommes profondément attachés.

D’abord dans la réhabilitation du rôle de l’Etat. Nous avons besoin d’un Etat solide, puissant, disposant de réelles capacités d’intervention opérationnelle, plus agile dans son fonctionnement. Pour autant l’Etat, dont chacun attend tant dans cette crise, et c’est légitime, ne peut pas tout s’il agit seul. Il a besoin de s’appuyer sur une société en mouvement.

Cela vaut pour la concrétisation de la transition écologique : c’est à nos yeux une priorité absolue. Nous avons réussi à redynamiser notre tissu productif, à recréer de l’emploi. Mais nous ne sommes qu’au début de la construction d’une économie soutenable. Les investissements nécessaires à la relance de l’économie devront être l’occasion d’accélérer la transition écologique de notre modèle. Nous aurons aussi à concrétiser les travaux de la convention citoyenne sur le climat, fruit d’une délibération citoyenne éclairée et libre. Ils dessinent un nouveau contrat écologique. Ils seront notre boussole. Près de vingt ans après le discours de Johannesburg, nous avons enfin commencé à regarder notre maison. Mais elle continue de brûler ardemment. Les politiques mises en place pour lutter contre la crise environnementale ne sont, nulle part, à la hauteur. Nous devons donc passer à la vitesse supérieure, y consacrer plus d’énergie, plus d’inventivité et plus de moyens. Bref, en faire la mère de toutes nos politiques. Et ce changement de paradigme est possible ! Méditons la parabole de la grenouille, utilisée par Al Gore il y a déjà quelques années. La réponse apportée à la crise sanitaire du coronavirus – instantanée, massive, dotée de moyens exceptionnels – prouve que nous savons réagir lorsque nous percevons un péril immédiat. Telle la grenouille au contact de l’eau bouillante. Moins soudain, le dérèglement climatique n’en est pas moins dangereux. Il devrait supposer des décisions lourdes, radicales, comme la réorientation rapide et complète de nos modes de production et de consommation. Mais le péril parait moins imminent. Alors les décisions tardent, au risque que l’humanité tout entière s’éteigne à petit feu, comme la grenouille accoutumée à la hausse de la température, et qui finit ébouillantée.

Dans le renforcement indispensable de nos services publics – la santé bien sûr, mais aussi l’éducation, la recherche, les solidarités -, le souci d’une dépense efficiente ne doit plus être le faux nez de l’obsession de la rentabilité. Il s’agit, certes, d’un impératif d’autant plus que les finances publiques seront impactées par la crise. Mais rien ne pourra se faire sans une revalorisation réelle des revenus et une plus grande maîtrise des agents de terrain sur l’organisation de leur travail. Il nous faut un nouveau contrat social, qui garantisse une allocation de moyens plus importante aux priorités que la Nation se donne, qui remette la dignité humaine et l’écoute des femmes et des hommes de terrain au cœur de ses préoccupations, qui engage les entreprises envers leurs salariés, et qui reconnaisse la capacité d’investissement total des agents concernés – beaucoup d’entre eux, dans cette crise, soignants, agents des services publics, logisticiens, éboueurs ou caissiers ont démontré à la fois le caractère essentiel de leurs missions et leur conscience professionnelle. Ce nouveau contrat social doit intégrer les apports du numérique. Il doit être inclusif et permettre à chacun, et notamment aux plus fragiles, de se sentir concerné, impliqué, associé et formé.

L’État, malgré la force de son organisation, malgré toutes ses initiatives, ne peut plus gérer les crises sans associer les territoires. Il devra se résoudre rapidement à de nouvelles délégations de compétences et de moyens qui permettront des réponses mieux adaptées à la réalité et à la diversité de tous les territoires de la République. Un nouveau contrat territorial ne sera pas seulement utile plus tard : il apparaît d’ores et déjà indispensable à la résolution de la crise dans laquelle nous venons d’entrer.

En trois ans, beaucoup a été entrepris. Et nous avons connu de réels succès. Mais nous croyons que notre majorité peut faire, sur tous ces sujets, bien plus que ce qu’elle n’a pour le moment engagé. Nous croyons même qu’elle le doit.

Aiguillonner l’action du Gouvernement sur le chemin des « jours heureux » et de la reconstruction revient, nous le pensons, en indépendance au Parlement, dans la plénitude de ses moyens d’action.

Nous sommes pleinement conscients de la responsabilité des parlementaires dans ce moment particulier pour faire entendre leur sensibilité, pour enrichir le débat public et les décisions qui concernent le quotidien des Français ou l’avenir du pays. Pour les infléchir aussi.

C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de nous réunir et de créer « En Commun », une association destinée à rassembler élus et citoyens qui souhaitent contribuer de manière constructive à renforcer notre politique dans le domaine des solidarités, de l’écologie, de la cohésion nationale et du renouveau des pratiques démocratiques.

« En Commun », c’est ce que nous avons en partage. Ce sont ces biens si précieux que nous devons préserver. C’est aussi ce vers quoi notre majorité doit être davantage tournée dans les deux ans qui viennent. Rien ne se fera sans ceux qui font vivre notre nation : les citoyens, les associations, les corps intermédiaires. Parce que c’est aussi en confrontant les points de vue et en créant du débat et des compromis positifs que se dessinera un nouveau contrat républicain indispensable pour faire avancer le pays.

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